3-COLONISATION VEGETALE DE L'ILE DE LA REUNION
LE PEUPLEMENT VÉGÉTAL AVANT L'ARRIVÉE DE L'HOMME:
Comme toute nouvelle île océanique , le peuplement végétal de la Réunion s'est appuyé sur les zones
continentales les plus proches (Madagascar, Afrique de l'est, Asie du sud-est, Indonésie,
Australie).
La dissémination naturelle des végétaux est obligatoirement passive.
L'implantation de végétaux sur une île doit est en relation avec les
courants marins (voie maritime), les vents et cyclones (voie éolienne), les oiseaux
(voie animale).
La mer:
Les premières implantations de végétaux v à la Réunion ont certainement été littorales.
Régulièrement les marées amènent un lot de semences adaptées au transport par les courants marins
qui, dans le sud-ouest de l'océan Indien, circulent d'est en ouest depuis les rivages de l'Indonésie et de
l'Australie. Ces semences, capables de voyager sur de très longues distances, ont en commun les mêmes
facultés de flottaison, de tolérance au sel et de longévité au niveau de la germination. Elles appartiennent le plus souvent à des
plantes côtières .
Pa r exemples:
(Patate à Durand), Canavalia rosea (Patate cochon), Dendrolobium umbellatum (Bois malgache), Premna
serratifolia (Lingue blanc), Fimbristylis cymosa, Zoysia matrella (Gazon bord de mer), Scaevola taccada (Manioc
bord de mer), Tournefortia argentea (Veloutier), Pemphis acidula (Bois matelot), etc.
Au total, la voie de mer représente approximativement 5-10 % des origines de la flore indigène. Elle
n'intéresse pratiquement que la flore littorale actuellement soumise aux embruns, même si l'on soupçonne une
origine littorale aux espèces endémiques intérieures des genres Calophyllum, Ochrosia, Hernandia, Sophora et Terminalia.
Les airs:
De nombreuses plantes se sont adaptées à la dispersion par les vents, les tempêtes tropicales, les
cyclones. Elles ont développées un arsenal de spores légères aptes à voler ou être emportées par le moindre
souffle de vent : semences à parachute (Astéracées, Asclepiadacées), spores ultra-légères (Ptéridophytes),
graines sans albumen (Orchidées)…
Cette stratégie de dissémination à longue distance caractérise de nombreuses plantes pionnières et
souligne l'adaptation à la colonisation aléatoire de milieux nouveaux.
les cyclones transportent probablement de
nombreuses spores dans le sens Rodrigues / Maurice / Réunion / Madagascar, assurant une alimentation
régulière de l'île.
Il est probable que cette arrivée par les airs ait assuré les premières végétalisations intérieures de l'île.
Bon nombre de genres d'Astéracées endémiques de la Réunion ou des Mascareignes (Eriotrix, Faujasia,
Parafaujasia, Monarrhenus), répondent à cette stratégie de dissémination par le vent à longue distance et
correspondent peut-être à des implantations très anciennes dans l'île.
Au total, la voie des airs représenterait près de 30 % des origines de la flore indigène.
Les oiseaux:
De nombreux oiseaux marins sillonnent les rivages de l'océan Indien. Divers oiseaux migrateurs visitent
régulièrement les terres de la Réunion. Ils peuvent amener avec eux diverses semences.
Le transport est tantôt externe (épizoochorie), collé ou accroché au plumage, ou encore coincé avec un
peu de vase ou de boue sur les pattes, tantôt interne dans les voies digestives des oiseaux (endozoochorie).
Certaines espèces semblent bien adaptées à la dissémination par les oiseaux comme celles produisant
des semences gluantes (Plumbago zeylanica, Rhipsalis baccifera, Boerhavia spp., Pisonia grandis…), mais,
d'une manière générale, beaucoup de plantes croissant dans les lieux fréquentés par l'avifaune peuvent être
concernées. C'est notamment le cas de plantes pionnières des vases exondées des mares et des étangs
fréquentées par les échassiers migrateurs comme Lindernia rotundifolia, Bacopa monnieri, ou encore Bryodes
micrantha, cette dernière espèce uniquement connue de quelques mares de Madagascar, d'Aldabra, de Maurice
et de la Réunion.
Les oiseaux frugivores sont certainement à l'origine de l'introduction à la Réunion de plusieurs familles à
fruits charnus (Asparagacées, Bégoniacées, Clusiacées, Myrsinacées, Myrtacées, Oléacées, Rubiacées,
Sapotacées…). Des oiseaux errants, détournés de leur trajectoire ou même des oiseaux terrestres emportés par
les cyclones sont probablement fortement impliqués dans ce processus très aléatoire qui suppose aussi un transit
par les voies digestives des semences sans perte de leur capacité germinative.
Le peuplement végétal de Maurice étant déjà bien avancé et comme l'île est relativement proche (200 km)
on retrouve beaucoup de plantes qui sont communes aux deux îles.
Cette immigration d'île à île au sein de l'Archipel des Mascareignes a sûrement été
favorisée par le sens des courants marins, des vents et des cyclones.
Installation et évolution insulaires
Cette évolution insulaire,
lorsqu'elle a été suffisamment rapide, a conduit à la formation d'espèces insulaires endémiques. De telles
spéciations ont été fréquentes chez les plantes.
L'homme:
L'installation durable de l'homme à partir du milieu du XVIIe introduit un volet exotique
dans la flore de l'île qui prendra progressivement une part de plus en plus importante avec le
développement de la société réunionnaise. La large palette des usages (agricoles, forestiers,
économiques, médicinaux, ornementaux…), l'accroissement des échanges de biens et de
personnes ont permis l'introduction volontaire ou involontaire de plusieurs milliers d'espèces
originaires des régions tropicales à tempérées du monde entier. Le climat très varié de la
Réunion a facilité l'acclimatation et la naturalisation d'un grand nombre de ces plantes
introduites.
Avec l'arrivée de l'homme siècle, le taux d'immigration des
végétaux à la Réunion va connaître une modification rapide et croissante.
Au premier rang de ce bouleversement est associée l'introduction volontaire de
nombreux végétaux. Aux plantes utilitaires de première nécessité, suivra rapidement un lot
de plus en plus diversifié de plantes alimentaires, fourragères, économiques, médicinales et
ornementales dont le rythme d'arrivée épousera le développement démographique, agricole,
économique et social de l'île.